Sur les toiles d’ANIK LEGOUPIL
DSCO8424
Il y a du papier écorché sous les fils
La verticale est noire dans ses traits de chute
Le quadrillé fait monter des gouffres
Je suis coupé par les lignes
Mon œil fragmenté divise le champ
La surface se trompe d’épaisseur
J’entrevois ma vue
Je m’enfonce dans le passage
qui n’est pas bien en face
de cette fuite dans les lumières
Je suis sans arrêt rappelé par des bordures
Je me cogne au signe
Des peaux avec un nez et trois oreilles
se querellent à la fenêtre
qui s’étire sur l’ombre
Je n’ai que des lambeaux d’images
Des rayures sur le masque
perturbent la saisie de la cosmicité
Que vois-je dans la carré de la force qui me guide ?
Je vois ma capacité de voir
de tisser mes formes
dans les envers du regard
Suis-je prêt à m’enflammer devant les brisures ?
Dans le contre-point de la fragmentation
c’est mon sang qui me mesure
L’orage bleu à droite
me fait perdre un ciel
trop décousu
Et la carte de grains solides
se déchire sous le scalpel des angles
Le bruit pourtant me bouscule partout
Davantage dans cette flaque de papier
où la main ne s’est pas posée
pour défaire ses plis de couleurs
où seuls quelques pics éraflent la substance
Je suis dans l’éclatement de ma trouée
avec un peu d’air glané sous les rayons noirs
Le rideau déchiré par l’accessoire de la coupure
n’a laissé devant moi aucun nœud
dans les couches du prisme.
27 juin 2011
DSCO 8425
Le magma se tord sous la pluie
comme un sol de rouge
C’est un cadre qui se déforme sur les côtés
Le pas ne peut plus se poser
dans cette largeur qui échappe
Le tissu nous laisse dans la marge
Des acrobates erratiques font le grand saut
et le vide est plein de lumière
Les fils liquident le temps et l’espace
Je rie des terres sans carte
Le canevas pourrait tenir dans la texture
que macule ce grouillement d’étoffes
Un frou frou veineux cellulaire
nous ramène à la vie
nous rattache à la pulsation
Et ça se frotte à la béance
au trou des échappatoires
grise la limite
dans l’effort du funambule.